domingo, 23 de setembro de 2007

Toi que j'attendais même en ta présence

"Et tois, Hongrois, mon Arpad, plus exilé encore que moi, tellement présent, tellement absent, avec une langue qui semblait plus étrangère encore que la mienne aux camarades de terrasses et d'expositions, dans la ville du petit fleuve si différent non seulement de ton Danube mais de mon Tage, avec ta séculaire tradition d'errances, de déménagements interminables, maître du provisoire et transitoire, que je cherchais toujours sans pouvoir découvrir qu'un fragment, Arpad, mon Osiris, qui me trouvais toujours guidant ma main sans y toucher, toi, mon oeil supplémentaire établissant des dimensions nouvelles par ta façon de regarder ce que je te proposais, toi que j'attendais même en ta présence, Arpad, mon Ulysse, que j'imaginais combattant sous les murs de cités orgueilleuses, puis avec de cyclopes et des sorcières, quand tu t'es éloigné définitivement, il n'y a pas eu de rupture das ton silence ni dans les miens. Soudain seulement j'ai senti la vieillesse dont tu m'avais préservé, car je m'imaginais qu'elle était ta prérogative, siffler comme le vent des chevauchées de tes ancêtres depuis l'Asie à la découverte de nouvelles prairies aux climats moins rudes, comme celui des pérégrinations des miens à la découverte de nouvelles rivages aux civilisations surprenantes."
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Maria Helena Vieira da Silva em carta a Arpad Szenes
(excerto retirado do texto de Michel Butor do catálogo da exposição 'Vieira da Silva - Oeuvres de la Fondation Arpad Szenes - Vieira da Silva et du Centre d'Art Moderne José de Azeredo Perdigão' no Centre Culturel Calouste Gulbenkian em Paris até 18 de Outubro e em Lisboa a partir de 25 de Outubro)

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