terça-feira, 30 de setembro de 2008

Et si c'est pas une vie de te suivre et bien ce s'ra c' que ce s'ra



"On a parcouru le chemin De tes rêves à mes rêves
Tes doigts à mes seins De ta bouche à mes lèvres
De la guerre à la trêve Combien d' fois, mon amour
Combien d'aller-retour Entre la haine et l'amour
Chaque fois, la route et ses chaos Et ses roches et ses trous
M'arrachaient à ta peau Me rej'taient sur tes g'noux
Me tatouaient sur ta joue Combien de grands voyages
Pour autant de naufrages Sur ce même rivage
Jusqu'au jour où j'ai dit: "Va t'en ! J'ai plus rien à blesser
Qui soit vierge de coups J' suis fatiguée des kilomètres
Qu'on franchit pour être À un plus mauvais bout"
J'ai dit: "Prends ta voiture de fortune Et roule tant qu' tu voudras
Va t'en donc promettre ta lune À une autre que moi"
J' croyais pas qu' t'allais m'obéir À la lettre comme ça
J' t'ai regardé partir En mourant tout bas
Sur la véranda Brisée à des endroits Que j' me connaissais pas
Entre mon coeur et tes bras Les étoiles qu' j'avais dans l' regard
Et qui semblaient te plaire Sont venues s'échouer
Comme des étoiles de mer Sur l'estran désert
Le coeur comme un souv'nir Le corps comme un grenier
J'ai eu peur d' m'écrouler Je sais pas d' quelle manière
Comme poussée par le vent J' me suis mise à poursuivre, en courant
Le nuage de poussière Qu' ta voiture de misère
Faisait tourbillonner en filant Puis j'ai crié: "Attends-moi j'arrive !
Je peux pas vivre sans toi Et si c'est pas une vie de te suivre
Et bien ce s'ra c' que ce s'ra T'as encore, dans les mains
La petite cuillère Qui m' ramassait si bien
Quand j' m'écrasais par terre T'as encore, dans les mains
La petite caresse Qui m' ferait, comme un chien Haleter d'allégresse"
Mais, bien sûr, t'as rien entendu Et ton nuage et toi
Vous avez disparu Et je suis restée là Comme un cheval de bois
Qui ne berce plus personne Et que l'on abandonne Que l'on met au rebus
Un jour que j' me croyais mieux Que j'allais au village
Et que c'était pluvieux À deux nuages d'un orage
À faire taire les oiseaux À deux pas du resto
Et à trois du garage À deux doigts d'oublier
Perdue dans mon imperméable Et dans quelques pensées
Comme: "C'est drôle dans le sable Toutes ces traces de souliers"
Comme: "J' sais pas c' que j' vais foutre De ma longue soirée"
Juste à coté de moi Ce parfum agréable Ces cheveux familiers
C'était... c'était toi
Et l'orage éclata En même temps que le morceau de chair
Qui me servait de coeur Et le vent se leva En même temps qu'un éclair
Nous fìt tous les deux trembler de peur
J'ai dit: "Si tu viens pour les étoiles Elles sont tombées dans la boue
Si t'es là pour me voir, j' te signale Qu' y'a plus rien à voir du tout"
T'as dis: "J'ai parcouru Les chemins de mes rêves
À des rêves qui n'étaient pas les tiens
J' voulais juste que tu saches, mon amour
Que ces foutus parcours Ont toujours été vains"
Alors j'ai dit: "Puisque t'es là Viens donc prendre un café
Si tu veux, tu jett'ras Quelques bûches au foyer
Ça nous réchauffera Le temps que l'orage passe
Et que le feu s'embrase Comme autrefois !"
Et c'est là qu' t'as baissé les yeux Que t'as dit:
"J' pourrai pas Car, tu vois, y a un voeu Que j'ai fait là-bas
Elle te ressemble un peu Celle à qui j'ai dit: "Oui"
Ce petit "Oui" précieux Que je n' t'ai jamais dit"
T'as ajouté qu'aussi Elle prend bien soin du p'tit
Et qu' t'es déjà trop vieux, aujourd'hui Pour réparer l'erreur
La pire de ta vie Qui est celle d'être parti d'ici
Tu t'es mis à g'noux dans la vase Pour me d'mander pardon
Le tonnerre m'a volé ta phrase Et tu t'es levé d'un bond
Et t'es parti, l'air malheureux Le pantalon tout sale
Et, au coin de mes yeux Y'avait comme... des étoiles"


Lynda Lemay

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